Mesures simples pour sauver la Grèce

 

L’objet du premier chapitre « Rappel des faits » est de reprendre une succession d’articles parus dans la presse qui en disent long sur les conditions de l’entrée de la Grèce dans la zone euro et sur les traitements qui lui ont été infligés depuis.

Le deuxième chapitre « Solutions simples pour sauver la Grèce » présente quelques solutions simples, mais délicates, pour que ce pays se sorte de l’emprise de ses créanciers, dirigés par la Troïka (et par l’Allemagne qui veut imposer son hégémonie sur l’Europe sans en avoir la légitimité), qui n’ont de cesse que de la ruiner.

1 - Rappel des faits

Comme tous les pays d’Europe et d’ailleurs, la crise grecque a débuté en 2007/2008 avec les subprimes dont les établissements financiers et autres zinzins (Investisseurs Institutionnels) étaient gorgés.

La Grèce a rejoint la zone euro le 1er janvier 2001, « aux forceps ».

Voici quelques extraits d’article édifiants à ce propos, publiés 10 ans et + plus tard :

• le 16 Juillet 2011 sur Atlantico.fr par Fabio Rafael Fiallo

La Grèce n’aurait jamais dû entrer dans la zone euro

Herman Van Rampuy a annoncé, ce vendredi, la tenue d'un sommet extraordinaire des dirigeants de la zone euro sur la crise de la dette Grecque, le 21 juillet.
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Bruxelles, Berlin et Paris, savaient pertinemment que les finances publiques grecques couraient à la catastrophe. Pareille explication néglige la véritable source du problème, que voici : s’il y a crise grecque, c’est parce que, pour des raisons politiques et culturelles, l’Union européenne a admis la Grèce dans la zone euro tout en sachant que ce pays ne remplissait pas les critères d’admission. Qu’Athènes eût fait recours à une grande banque, en l’occurrence Goldman Sachs, pour maquiller la présentation de ses comptes n’enlève rien au fait que les autorités de Bruxelles, et de Berlin et Paris, savaient pertinemment que les finances publiques grecques couraient à la catastrophe.
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C’est le contribuable européen qui paie le prix des erreurs politiques. Quoi qu’il en soit, la Grèce se trouve à bout de souffle. Et pour l’aider à s’en sortir, les Etats de l’Union ont adopté un mécanisme permettant de lui prêter plus d’une centaine de milliards d’euros dans le seul et unique but qu’elle puisse honorer les échéances de ses obligations. Dans ce même but, la Banque centrale européenne a été poussée à acheter des obligations de l’Etat grec, malgré le fait que ses statuts lui interdisent de s’engager dans ce type d’opérations.
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Ainsi, du début jusqu’à la fin, les responsables politiques européens se seront amusés à jouer la politique de l’autruche.Ils ont fermé les yeux pour accueillir la Grèce dans la zone euro, alors que ce pays n’était pas en mesure d’y accéder. Ils ont ensuite fermé les yeux pour imposer un plan d’austérité que le gouvernement grec ne pourra pas appliquer sans mettre la population à feu et à sang. Ils ont aussi fermé les yeux pour concocter un plan de sauvetage qui n’évitera pas à la Grèce une cessation de paiements. Et ils ferment enfin les yeux pour ne pas avouer auprès de leurs contribuables que ceux-ci ne récupéreront jamais leur argent.

• le 11 Décembre 2011 sur blogs.mediapart.fr/ Le blog de Gabriel Colletis

Les Grecs ont donc triché avec leurs comptes…mais ils ne l'ont pas fait seuls.

Il est inexact de dire que les institutions européennes et internationales ignoraient les manipulations des comptes publics et des comptes nationaux. Mieux ou pire, elles ont été des acteurs majeurs de ces manipulations.
Sans chercher à stigmatiser des personnes, il est difficile de ce point de vue d'oublier que le nouveau patron du Saint-Siège européen de la finance, la BCE, Mario Draghi, supposé surprendre par sa rigueur et sa rapidité d'esprit, entre 2002 et 2005, a été au service de Goldman Sachs. Plus précisément, il était "vice-président pour l'Europe-Goldman Sachs International, entreprises et dette souveraines".
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Les Grecs ont donc triché avec leurs comptes publics mais cela était parfaitement connu et ils ne l'ont pas fait seuls. Du reste, en Europe, qui ne triche pas avec ses comptes publics ?
Certainement pas l'Allemagne. Ce que les Allemands appellent le "Sondervermögen", un Fonds spécial, leur a permis depuis 2008 de comptabiliser des dizaines de milliards d'Euros déboursés ou offerts en garantie afin de relancer l'économie et sauver le secteur financier allemand…sans que ces sommes ne soient prises en compte dans le calcul du déficit public. Si ces sommes avaient été prises en compte, le déficit public allemand en 2009 aurait été non de 3.2% du Pib mais de 5.1%, soit un pourcentage proche de celui observé pour l'État français.
Autre erreur ou manipulation des comptes publics, début novembre, la dette allemande s'est allégée de plus de…55 milliards d'Euros suite à un "impair comptable". Une "bad bank" allemande (structure dite en France de "défaisance"), propriété de l'État, a cumulé 55 milliards d'erreurs de trésorerie, les comptables mandaté par l'État ayant, apparemment, confondu…addition et soustraction.

• le 10 Septembre 2012 sur Marianne.net par Alexandre Coste

L'ombre de Goldman Sachs

« Aucun pays de la zone euro ne pourra rembourser ses dettes , Allemagne comprise, et on continue d'étrangler les peuples », se navre L'ARSENE. « Ceux qui disent que seule la Grèce est responsable de ses problèmes devraient aller voir du côté de Goldman Sachs et aussi des gouvernements allemands et français à l'époque de l'entrée de la Grèce dans la zone euro. » Goldman Sachs, un nom qui revient régulièrement dans les commentaires. Cette banque d'investissement est accusée d'être en grande partie responsable de l'actuelle crise grecque : « C’est bien les Goldman Sachs' boys qui ont présentés des comptes faux que je sache, et non point les travailleurs Grecs », rappelle ainsi Pépin LECOURT. Mais quel rôle à joué la compagnie dans la déroute financière du pays ? « Maquillage des comptes grecs pour l'entrée dans l'Euro, accompagné d'un prêt « secret » (400 millions d'euros par an à rembourser jusqu'en 2037) et implantation de hauts cadres Goldman Sachs à la BCE, dans les institutions politiques et économiques européennes, à la direction de pays », explique Jean LABORDES en prenant appui sur le documentaire diffusé sur ARTE (*) la semaine dernière au sujet de la firme. L'institution tentaculaire aurait donc sciemment profité des difficultés financières de la Grèce afin d'engranger des sommes colossales, quitte pour cela à plonger le pays dans une misère durable.

(*) le lien avec la chaîne ARTE a disparu (constaté en janvier 2015)

La dette grecque s’est fortement aggravée entre 2006 et 2010 (103,4% à 146%) avec les achats massifs d’armements.

• le 7 Juin 2011 sur Marianne2.fr par Jean-Louis Denier - Tribune

La Grèce est endettée mais surarmée. Cherchez l'erreur!

2000-2010 : prêts à outrance pour achats d’armes à outrance Entre mars 2005 et septembre 2008, les engagements des banques d’Europe occidentale en Grèce ont doublé. Ils sont passés de 80 à 160 milliards de dollars US. Parmi les établissements financiers les plus généreux, on retrouve des banques françaises, elles sont détentrices de prés d’un tiers de la dette publique grecque. N’oublions pas leurs consœurs allemandes, elles s’adjugent 15% des créances prises sur l’Etat grec.
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En se livrant à une rétrospective, on constate que depuis dix ans la Grèce occupe, vaille que vaille, cette quatrième place mondiale des importateurs d’armes. Cette position continuelle au sein du Top 10 des acheteurs a nécessité des investissements, non seulement massifs, mais colossaux : 11, 209 milliards de dollars US ont été engloutis pour y parvenir !  ……………………………………………………………………
On peut en tirer quatre enseignements : 1. l’Etat grec, déjà endetté, a pourtant reçu de nouveaux concours financiers le dotant d’un pouvoir d’achat totalement artificiel. 2. une partie non négligeable de ce pouvoir d’achat artificiel a été consacré à des acquisitions massives d’armement. 3. l’origine de ce pouvoir d’achat artificiel tient à des concours financiers de banques de même nationalité que les entreprises fournisseuses d’armement. 4. ces concours financiers n’ont pu être réalisés qu’en utilisant les sommes données par les Etats afin de recapitaliser les banques menacées de déconfiture par la crise des « subprimes ». De cette seule situation émane déjà un parfum de scandale. L’on se trouve, en effet, en présence d’un circuit financier démontrant un réel abus, en l’occurrence un détournement d’emploi et de finalité concernant de l’argent public et ceci à hauteur de plusieurs milliards d’euros.
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Comment corrompre, donc fragiliser, le pouvoir grec : l’exemple allemand Le « cas » fit la une et les gros titres des presses et médias tant allemands que grecs. Une filiale grecque du groupe Siemens, laquelle société était dirigée par un cadre (très) supérieur allemand, fut mise en cause par les justices grecque et allemande relativement à des affaires de corruption et trafic d’influence. Ceci se présentait sous la forme de pots de vin versés à des personnalités grecques. Ces dernières appartenaient au monde politique - Droite et Gauche confondues - à la haute Administration publique ainsi qu’à l’armée. Les versements devaient faciliter la signature de (gros) contrats portant sur des systèmes d’armes, des systèmes de communication et de contrôle, etc. Que dire de ces pots de vins ? D’abord, indiquer une évaluation (judiciaire) de leur montant : prés d’un milliard d’euros. Ensuite, indiquer le calendrier des versements, ceux-ci s’étalant de la fin des années 1990 jusqu’à une date récente, ce qui correspond tout à fait à la décennie « formidable » des importations grecques d’armement.
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Chantage et plus … si affinités : la méthode française ? Depuis bientôt dix ans, la Grèce est un bon client pour l’industrie française de l’armement. Elle se classe au troisième rang des fidèles acheteurs. Le Grec achète français pour se fournir en avions, missiles, blindés, navires de surface … . Mais dans quelles conditions se font ces achats - et, surtout, leur paiement - alors que les finances publiques grecques sont dans un état désastreux ? Sur ce point, une hypothèse a été avancée par D. Cohn-Bendit, relayée par le site « RUE89 » qui a évoqué la piste du chantage et des pressions exercés par l’exécutif français sur le premier ministre grec. A en croire l’eurodéputé et le site précité, en février 2010, N. Sarkozy et F. Fillon se seraient adressés en ces termes à G. Papandreou : « Nous allons lever des sommes pour vous aider, mais vous devez continuer à payer les contrats d'armements qu'on a avec vous, signés par le gouvernement Caramanlis. »

Et puis, nourrie par la Troïka (la BCE, le FMI et l’Union Européenne) la crise de la dette grecque a atteint son paroxysme en 2010/2011, car ne répondant plus - tout d’un coup - aux critères de Maastricht. Elle montre son vrai visage :

• le 13 Février 2011 sur upr.fr par François ASSELINEAU

Grèce : l’UE, la BCE et le FMI préparent le pillage du patrimoine

La commission européenne et le FMI veulent forcer la Grèce à vendre des plages et l’ancien aéroport d’Athènes à des sociétés privées.
L’annonce qui a le plus scandalisé les Grecs concerne la révision à la hausse de l’objectif de privatisations souhaité par la « troïka » FMI-UE-BCE : 50 milliards d’euros d’ici à 2015, au lieu de 7 milliards sur trois ans initialement annoncés.

• le 22 Février 2012 sur contreinfo.info

Notre pays s’enfonce dans les ténèbres du Moyen Âge, par Mikis Theodorakis

Il est évident que ces deux grandes plaies auraient pu être évitées si les dirigeants des deux parties politiques pro-américains n’avaient pas été infiltrés par la corruption. Cette richesse, produit du travail du peuple grec, était ainsi drainée vers les coffres-forts de pays étrangers. Les politiciens ont essayé de compenser cette fuite d’argent par un recours à des emprunts excessifs qui résultaient en une dette publique de 300 milliards d’euros, soit 130% du PNB (Produit National Brut).
Par cette arnaque, les étrangers gagnaient doublement : d’une part, par la vente d’armes et de leurs produits et d’autre part, par les intérêts sur l’argent prêté au gouvernement (et non pas au peuple). Comme nous l’avons vu, le peuple grec était la principale victime dans les deux cas. Un seul exemple suffira pour vous convaincre : en 1986, Andreas Papandreou a emprunté un milliard de dollars à une banque d’un grand pays européen. Les intérêts de cet emprunt n’ont été remboursés qu’en 2010 et ils s’élevaient à 54 milliards d’euros.
L’année passée, M. Juncker a déclaré qu’il avait remarqué lui-même l’hémorragie financière massive de la Grèce qui était due aux dépenses excessives (et forcées) pour l’achat de matériel de guerre - de l’Allemagne et la France en particulier. Et il a conclu que ces vendeurs nous conduisaient à un désastre certain. Hélas, il a avoué qu’il n’a rien fait pour contrecarrer cela, afin de ne pas nuire aux intérêts des pays amis !
En 2008, la grande crise économique est arrivée en Europe. L’économie grecque n’a pas été épargnée. Cependant, le niveau de vie qui était jusque-là assez haut (la Grèce se classait parmi les 30 pays les plus riches du monde), est resté pratiquement inchangé, malgré une augmentation de la dette publique. La dette publique ne se traduit pas nécessairement par une crise économique. La dette des grands pays tels que les États-Unis et l’Allemagne sont estimées à des milliers de milliards d’euros. Les facteurs déterminants sont la croissance économique et la production. Si ces deux facteurs sont positifs, il est possible d’emprunter auprès des grandes banques à un taux d’intérêt inférieur à 5%, jusqu’à ce que la crise soit passée.

• le 14 Juin 2013 sur tv5.org/cms/chaine-francophone/info par Pascal Hérard

Le gouvernement Grec vient de couper abruptement l'audiovisuel public pour se conformer aux exigences de la troïka à des fins d'économies budgétaires. Et pourtant, les dépenses de la défense nationale, elles, ont été augmentées en 2012. Pourquoi la Grèce laisse-t-elle ses écoliers s'évanouir de faim tout en restant l'un des premiers importateurs d'armes au monde, alors que chaque euro économisé est censé compter ?
Baisse généralisée des pensions de retraite (dans le secteur public aussi bien que privé), réduction de plus de 25 % des dotations de l’Etat aux communes, baisse des dépenses de santé de 6,5 % et de 2,9 % dans l'éducation nationale : les sacrifices de la Grèce pour se plier aux exigences de l'Union européenne, le FMI et la BCE, en échange des prêts de "plans de sauvetage", sont colossaux. Et cette liste n'est pas exhaustive, puisque de nombreuses hausses d'impôts et prélèvements ont suivi ces baisses drastiques des financements publics. Mais cependant, et étrangement, un budget s'est vu lui, diminuer en 2010 puis ré-augmenter en 2011 : celui de la défense.
La Grèce fait partie des 15 plus gros importateurs d’armes de 2008 à 2012

• le 7 Janvier 2014 sur pauljorion.com/blog

La normalité européenne : EN GRÈCE, CELA NE PASSE TOUJOURS PAS, par François Leclerc
La Grèce vit désormais au gré des révélations sur les affaires de corruption liées aux marchés d’armement. Il a été beaucoup dit sur l’irresponsabilité budgétaire des Grecs, en oubliant le gouffre que le budget de l’armement a représenté pour le pays, pour le plus grand bénéfice de l’industrie allemande et française et des banques européennes. Pour la période 1974-2005, il a représenté 80% des 310 milliards de dette grecque constaté en 2010, lors du déclenchement de la crise qui a affecté le pays. Le monde politique grec y a trouvé également son compte… le pays, c’est moins certain

Enfin, la politique de la Troïka depuis 2010 n’a fait qu’aggraver la dette publique de la Grèce : elle est passée de 146% du PIB à fin 2010 à 175% à fin 2013, et pourtant elle persiste dans l’erreur.

• le 26 Février 2014 sur les moutons enragés.fr posté par Benji

La troïka et les dirigeants grecs ont catapulté la Grèce dans le Tiers Monde (entre autres pays…)

Des experts médicaux des universités d’Oxford, de Cambridge et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) ont publié dans la revue médicale britannique The Lancet un rapport qui accable la troïka composée de la BCE, du FMI, et de la commission européenne concernant l’impact de la politique d’austérité sur le système de santé grec.
Les auteurs rapportent une élévation du taux de mortalité infantile, une explosion des cas d’infection au HIV chez les toxicomanes, le retour du paludisme et une augmentation en flèche des taux de suicide, selon le journal britannique The Independent.
Ils accusent le gouvernement grec et la troïka d’être dans le déni concernant l’intensité des contraintes imposées au peuple grec. Entre 2009 et 2011, le budget de la Grèce pour les hôpitaux publics a été réduit de 25%, et les dépenses pharmaceutiques du gouvernement ont été réduites de moitié, ce qui fait qu’il est devenu impossible de se procurer certains médicaments.  
La hausse du chômage dans ce pays où la couverture maladie est souvent conditionnée par la détention d’un contrat de travail aurait privé environ 800.000 personnes de l’accès aux soins de santé, et dans certaines régions, des organisations humanitaires telles que Médecins du Monde ont dû se substituer au système de santé national pour fournir des soins et des médicaments aux personnes les plus vulnérables.
De même, les programmes gouvernementaux de prévention de certaines maladies ont été réduits à la portion congrue, et il en résulte un retour de maladies infectieuses rares telles que le paludisme, qui est réapparu en Grèce pour la première fois depuis 40 ans. La réduction du nombre de seringues et de condoms disponibles pour les toxicomanes a provoqué une forte hausse des cas d’infection au VIH, les faisant passer de 15 en 2009 à 484 en 2012.
Les chercheurs notent également une augmentation de 21% du nombre d’enfants mort-nés, qu’ils ont  attribuée aux restrictions d’accès aux soins prénatals. En outre, la mortalité infantile a augmenté de 43% entre 2008 et 2010. Enfin, le taux de suicide est également en hausse, et alors qu’on en avait compté 400 en 2008, on a dénombré 500 cas de suicides en 2011.
« La situation grecque démontre la nécessité d’une évaluation de l’impact de toutes les mesures imposées par les gouvernements et par l’UE sur la santé », concluent les chercheurs. « l’Etat grec avait échoué à protéger ses citoyens au moment où ils en avaient le plus besoin », a déclaré Kentikelenis Alexander, un chercheur en sociologie de l’Université de Cambridge qui a participé à la rédaction du rapport.

Pourquoi un tel acharnement sur la Grèce dirigé par la Troïka ?

Il faut d’abord savoir que Mario Draghi a succédé à JC Trichet le 1er novembre 2011, ce qui fait que ce n’est pas lui qui a déclenché les « hostilités » début 2011 contre la Grèce, mais son prédécesseur.

On peut donc supposer que l’origine des ennuis de la Grèce repose sur le refus du gouvernement grec de renouveler fin 2010 les contrats d’armement avec l’Allemagne et la France. Dans cette hypothèse, les crédits grand ouverts par les banques de ces pays à la Grèce ont été soudainement interrompus avec une mise en demeure de rembourser à leur échéance les dettes passées.

Ce serait la raison pour laquelle les critères de Maastricht à propos de l’endettement public ont été aussi soudainement remis à l’ordre du jour, assortis des contraintes que l’on sait.

oOo

Maintenant, il nous paraît opportun de livrer à vos réflexions un texte que l’on prête au Major C.H.Douglas (1879 - 1952) :

La terre est peuplée par deux catégories d'humains L' Immense Majorité de ceux qui produisent toutes les richesses par leur travail Et l' Infime Minorité des banquiers qui produit tout l'argent par jeu d'écriture. Pour consommer ce qu'elle produit l'Immense Majorité emprunte tout l'argent à l'Infime Minorité. Mais l'Immense Majorité n'a pas compris un problème pourtant bien simple. C'est que si on s'endette éternellement les taux d'intérêt s'accumulent éternellement et on se ruine. C'est aussi bête que ça au point que c'est pas croyable. Et parce que c'est pas croyable la fête continue pour l'Infime Minorité A moins qu'un jour dans un éclair de lucidité l'IMMENSE Majorité Ne réalise que parce qu'elle produit toutes les richesses c'est à elle de produire tout l'argent par jeu d'écriture.

2 - Solutions simples pour sauver la Grèce

La Troïka est un gouvernement, non démocratique, de banquiers qui veulent le beurre et l’argent du beurre. Le beurre, c’est l’émission de monnaie ex-nihilo par les banques (donc à coût zéro) et l’argent du beurre, ce sont les intérêts.

Le traité de Maastricht a été signé par les premiers dirigeants de la zone euro ; pour certains d’entre eux contre la volonté populaire, ce qui prouve bien leur complicité avec les autorités monétaires. L’article 104 de ce traité est un summum d’escroquerie légalisé, car il met à la charge des masses laborieuses les intérêts d’emprunts contractés auprès des banques (création de monnaie ex-nihilo) et d’Investisseurs Institutionnels à la recherche de profits solides (ce qu’ils étaient avant la crise).

Autrefois, l’Etat se finançait auprès de sa Banque centrale dont il était (comme aujourd’hui encore) le principal actionnaire. Il lui versait d’une main les intérêts qu’il recevait de l’autre. L’article 104 a détourné au profit du capitalisme cette règle favorable aux intérêts du peuple.

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Non pas que je prétende avoir trouvé la solution, mais je propose que l’on s’engage dans une voie - certes délicate- qui peut sortir, me semble-t-il, la Grèce de l’impasse dans laquelle l’ont mise délibérément la Troïka avec un acharnement quasi-anti-thérapeutique.

Voici quelles sont mes nouvelles propositions :

L’idée que j’avance ici s’appuie sur un modèle économique à double monnaie - comme cela s’est déjà pratiqué dans certains pays avec le dollar. Il s’agirait ici de deux monnaies d’échange : l’euro exclusivement réservé aux transactions avec l’étranger et la drachme exclusivement réservé aux transactions domestiques.

Les conditions pourraient être les suivantes :

1 - le gouvernement grec reprend le contrôle de sa banque centrale en tout ce qui concerne l’émission et la gestion de l’ancienne monnaie : la drachme remise en circulation pour ses échanges à l’intérieur du pays.

2 - les deux monnaies, dans leur forme fiduciaire : les pièces et les billets, peuvent ou non circuler librement dans les échanges domestiques ; mais seule la drachme, dans sa forme scripturale, a cours dans les échanges intérieurs.

3 - les marchés monétaires domestiques sont strictement réservés aux nationaux.

4 - l’euro reste la monnaie unique pour toutes les transactions avec l’étranger, y compris la zone euro ; la BCN grecque poursuit sa politique monétaire relative à l’euro.

L’objectif essentiel au redressement de l’économie du pays, est d’obtenir le plus tôt possible l’équilibre de la balance commerciale (export = import), afin de réduire la dépendance du pays envers l’extérieur, source des difficultés actuelles.

Il faut savoir, en effet, que de 1994 à 2013 - en 20 ans - le pays a accumulé un déficit de ses échanges extérieurs  de 349,1 mds€ (en monnaie courante) pour un PIB cumulé sur la même période de 3.301,1 mds€, en monnaie courante également (source OCDE, Comptes Nationaux - Edition 2014), soit 10,6%, ce qui est considérable et explique l’ampleur de la dette souveraine – détenue en grande partie par ses créanciers étrangers - de 319,1 mds au 31/12/2013 (source Eurostat).

5 - afin de retrouver plus facilement et plus rapidement le retour à l’équilibre des échanges extérieurs et par voie de conséquence le retour de la croissance de l’économie nationale, on peut envisager de fixer un cours de change entre les deux monnaies sur la base des parités de pouvoir d’achat (PPA) par exemple.

Ce cours serait fixé pour une durée minimum d’un an afin d’éviter toute spéculation.

Prenons par exemple la PPA de la Grèce de 85,4 pour une PPA de 105,1 de l'Allemagne (Eurostat 01/2015). Dans ces conditions, les importateurs grecs devrait se procurer les euros au cours de 105,1/85,4 = soit 123 drachmes pour 100 euros et inversement les exportateurs percevraient 123 drachmes pour 100 euros. On obtiendrait ainsi de facto une dévaluation de la drachme, avec pour conséquence un rétablissement de sa balance commerciale : des importations plus coûteuses, donc réduites, et des exportations facilitées, donc plus fortes. Le tourisme s'en trouverait également dopé.

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En conclusion, il apparaît que :

Le déséquilibre des comptes du pays est dû - presque essentiellement - au déséquilibre des comptes extérieurs. Un taux de 10% de déficit extérieur est absolument insoutenable pour un PIB, quel que soit le pays.

Les transactions intérieures seraient ainsi isolées et mieux maîtrisées par le gouvernement grec, découplant ainsi les problèmes extérieurs concernant la Troïka et les problèmes vitaux de l’intérieur.

Les ingérences de la Troïka dans les affaires internes du pays - dépenses sociales, retraites et salaires des fonctionnaires, pour ne citer que celles-là - sont totalement infondées. Elles masquent surtout la volonté de faire rembourser les créanciers grâce aux privatisations de biens publics.

Tous les pays de la zone euro, tout particulièrement ceux du Sud, n’attendent qu’un signal positif pour porter un coup fatal à la domination tyrannique des autorités monétaires - non élues démocratiquement - qui font passer les intérêts de la finance avant ceux des peuples d’Europe.

Une dernière citation : extrait de l’article LA PHASE CRITIQUE, C’EST MAINTENANT ! par François Leclerc du 5 février 2015 sur le blog de Paul Jorion :

D’ores et déjà, il peut être relevé le peu de cas qui est fait de la volonté exprimée par les Grecs et leur gouvernement élu. Ce sera la deuxième fois, après le refus du referendum que voulait organiser George Papandréou et qui l’a fait chuter. Jean-Claude Juncker l’avait annoncé en assénant « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». On ne peut donner un signal plus clair à tous les Européens qui vont voter dans les mois qui viennent. Symboliquement, c’est la BCE, en tant que membre de la Troïka et débordant le cadre de sa mission, qui est l’exécuteur des hautes œuvres, de manière parfaitement discrétionnaire quoi qu’elle en dise. Assemblée non élue, elle détient les clés du pouvoir suprême, celui de la finance, qui a la primauté sur celui du peuple !

 

Texte remanié les 11 février 2015 et 3 avril 2015

jean bayard

 

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