Mesure de l'activité nationale et pouvoir d'achat

 

 

Voici le plan de l’exposé :

1 – La mesure du produit national (PIB)

2 – La mesure de la croissance

3 – La mesure du pouvoir d'achat

4 – Régulation du revenu ou pouvoir d'achat par les prix (essai)

5 – Résumé et conclusions

 Annexe I - Passage du Produit Intérieur Brut (PIB) au Produit National (PN) - Année 2011

 Annexe II - Evolution du PIB et du pouvoir d’achat des Français de 1969 à 1997 et de 1995 à 2005

 

 

1 – La mesure du produit national (PIB)

Sur la base de méthodes normalisées dans la plupart des pays du monde, la mesure de l'économie est assurée en France par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee). Comme le nom de l'Institut l'indique, la mesure de la richesse nationale connue sous le nom de Produit Intérieur Brut (PIB), somme de toutes les activités de production du pays, est faite par une approche statistique.

Pour déterminer le PIB, l'Institut procède à partir d'enquêtes statistiques périodiques et d'un certain nombre de déclarations fiscales et administratives, pour la plupart annuelles, rendues obligatoires pour les entreprises et les administrations. A partir des premières enquêtes, des informations relatives à la croissance du PIB sont publiées chaque trimestre, mais la mesure véritable concerne l'année civile entière.

Elle fait l'objet de quatre approches successives et donne lieu à autant de publications étalées sur 3 ans (cf. Principales révisions intervenues sur les comptes de la Nation en 2006, 2007 et 2008 du 15 mai 2009). Le résultat définitif de l'année 2006, par exemple, est connu en 2009. En tenant compte des délais d'élaboration effectifs des comptes de la Nation, le PIB ne devient donc définitif qu'au terme de trois années entières de travaux ardus, ce qui peut paraître excessif, mais qui s'explique par la prédominance des méthodes statistiques sur les méthodes comptables, ainsi qu'on le verra plus loin.

La mesure est faite en valeur et en volume. La mesure en valeur (de transaction) permet de situer l'activité nationale dans son environnement monétaire courant, tandis que la mesure en volume permet de dégager la croissance réelle (positive ou négative) qu'elle a connue, cette mesure en volume étant donnée en monnaie constante. D'une période à l'autre, on peut obtenir à l'aide de ces deux termes ce que l'on a coutume d'appeler l'inflation, qui n'est autre que l'érosion monétaire par les prix.

Comme il n'est déjà pas facile en usant de procédures statistiques de connaître la somme des échanges à leur valeur de transaction, c'est-à-dire en monnaie courante, les vraies difficultés surgissent lorsqu'il s'agit de fixer les volumes. Si les productions agricole et industrielle sont dans l'ensemble assez bien cernées, tant en valeur qu'en volume, il n'en va pas de même de la production du commerce de détail et des services pour des raisons évidentes de nombre.

Comme il existe des millions d'articles et de services différents, il est quasiment impossible de procéder dans le détail à une mesure directe du PIB en volume. On recherche alors le taux d'inflation par échantillons-types de façon à obtenir à défaut de volume par catégorie de produits, la somme des échanges à prix constants. L'arrivée de nouveaux produits sur le marché et les changements de qualité affectant les biens et services existants sont de véritables casse-tête pour les statisticiens.

Etant donné la place que tiennent les marchés, l'offre et la demande dans la théorie économique, il semble très important d'appréhender les valeurs des transactions au prix du marché sans perdre de vue les lois de l'offre et de la demande. Mais comme on est en présence d'un ensemble de produits pour le moins très disparates, on utilise trois axes d'approche qui doivent aboutir en principe au même résultat : l'offre ou la production des entreprises, la demande (consommation, investissement et commerce extérieur) et les revenus (des ménages et des entreprises). Mais comme les travaux sont conduits à partir de données puisées à des sources différentes et nécessairement incomplètes, il y a toujours des écarts qui font l'objet d'arbitrages suivis d'ajustements. De plus, les inégalités de grandeurs existant entre le PIB et le revenu national rendent les recoupements impossibles, ce qui signifie que tous les calculs ne sont qu'approximatifs.

Notons aussi au passage, qu'en procédant ainsi on fait l'impasse sur les écarts de sens inverse, bien connus des comptables, qui existent fatalement et qui évidemment se compensent. Un exemple particulièrement significatif de ce type d'erreur est analysé plus bas dans ce chapitre.

Les arbitrages essentiels, issus de la synthèse, interviennent dans la dernière phase du traitement, c'est-à-dire lorsque le PIB devient définitif. Il convient de préciser qu'il ne subit pas de variations importantes entre la première et la dernière phase.

Parallèlement à ces travaux d'élaboration du PIB, les comptables nationaux sont chargés de déterminer les flux financiers obtenus à l'aide des comptes financiers des agents économiques, et de préparer ainsi le cadre dans lequel il est prévu de "caser" les données statistiques relatives au PIB.

Comme il en est de l'activité nationale, les comptes financiers font eux aussi l'objet d'autant d'approches successives. Par contre, ils subissent d'une phase d'ajustement à l'autre des variations souvent très sensibles, les signes positifs pouvant devenir négatifs et inversement, ce qui est pour le moins surprenant. Ils reçoivent en définitive lors de chaque période d'ajustement les écarts appelés opportunément "décalages comptables" existant entre l'activité de production (PIB) et l'activité financière.

Voici donc comment sont élaborés les comptes de la Nation.

Comme on l'a déjà dit, les méthodes retenues (ainsi que les erreurs qui en découlent !) sont normalisées dans la plupart des pays. Cependant, la construction européenne a mis en évidence des distorsions dans les modalités de calcul du taux d'inflation entre les différents membres de la communauté, ce qui a donné lieu en son temps à des travaux d'harmonisation. De plus, les problèmes de concordance entre les comptes non financiers (activité de production) et les comptes financiers sont à l'ordre du jour des instances nationales dans le cadre de l'harmonisation des outils de mesure de l'Union Européenne, ce qui prouve bien qu'il y a là un sérieux problème. Il ne faut donc pas s'étonner que l'on relève les erreurs les plus grossières dans un tel ensemble de comptes et de données statistiques dont l'incompatibilité de la concordance saute aux yeux.

En fait, le traitement des comptes nationaux procède d'une erreur dans sa conception à l'origine. Il en est ainsi, par exemple, des consommations finales des administrations publiques et des institutions sans but lucratif, réservées par essence aux ménages, qui sont des consommations intermédiaires et qui ne devraient pas être prises en compte dans le calcul du PIB. Inversement, l'impôt sur le revenu des ménages et autres transferts devraient y figurer. Enfin, certaines opérations avec l'étranger y sont écartées.

C'est la raison pour laquelle les égalités fondamentales du Produit National et du Revenu National ne sont pas reconnues.

A bien y regarder, les consommations finales des administrations et des institutions sans but lucratif, semblent bien être des variables d'ajustement statistique. Leur part relative dans le PIB français a évolué entre 24 et 25% de 1997 à 2008, pour passer subitement à 26,1 et 26,9% en 2009 et 2010 - début des restrictions budgétaires ! - années marquées par la récession, bien que l’on s’en défende.

En France, après retraitement des comptes, l'erreur en augmentation constante s'élevait à 6,8% du PIB en 1997, à 9,7% en 2001, à 12,3% en 2005 et à 15,6% en 2011, ce qui est loin d'être négligeable. Ce qui veut dire que le PIB de ces années-là aurait dû être diminué d'autant.

Le lecteur est invité à se reporter à l'annexe I "Passage du PIB au Produit National – Année 2011", où il trouvera une analyse détaillée des variations qui font la différence.

Un des plus hauts fonctionnaires de l'Institut interrogé à ce sujet, n'a rien trouvé de mieux à dire que tous les pays pratiquent de même en vertu de règles internationales, comme si cette réponse se suffisait à elle-même. Les erreurs collectives semblent acceptables en économie !

Mais, l'erreur la plus étonnante est certainement celle qui affecte la consommation des ménages. On n'en croit pas ses yeux quand à la lecture des comptes de la nation on s'aperçoit qu'il existe une consommation négative ! Comment une consommation peut-elle être négative ? Une analyse approfondie du phénomène permet de clarifier la situation. On met sous une rubrique "correction territoriale" de la consommation des ménages, la différence existant grosso modo entre les dépenses de tourisme de nos ménages à l'étranger et les revenus du tourisme des étrangers dans le pays. Comme la France dispose d'une balance du tourisme excédentaire la consommation des ménages est négative. Si la balance était déficitaire, elle serait positive.

Sans doute embarrassé par les problèmes techniques que pose le tourisme dans l'élaboration des comptes, il n’y a pas été intégré. En rapportant cette différence aux comptes des seuls ménages, il s’ensuit nécessairement des erreurs dans les comptes financiers des ménages et de l’étranger. Cette erreur dure depuis des décennies. En 2001 on la trouve sous la rubrique PCHTR (Produits consommés hors du territoire national) pour une somme négative de 10,8 mds d'euros, ce qui n'est pas rien, et en 2010 pour une somme négative de 6,0 mds d'euros.

Il ne fait donc aucun doute que l'organisation et les méthodes de travail retenues pour mesurer l'activité nationale sont fondamentalement mauvaises, pour des raisons qui tiennent vraisemblablement à l'histoire.

Ce sont des théoriciens qui ont conçu et organisé en économistes et en statisticiens l'approche et les méthodes de travail conduisant à la détermination du produit national, alors que la démarche relève tout simplement de la comptabilité, puisqu'il s'agit de faire la somme d'une multitude de comptes, selon des règles spécifiques bien entendu.

Les responsables n'ont pas manqué de le comprendre puisque l'Institut se fait improprement appeler Comptabilité Nationale, alors que les comptables nationaux n'ont guère d'autre fonction que celle d'ordonner et d'ajuster des comptes afin de faire entrer les évaluations statistiques dans un cadre comptable. Il y a là une incompatibilité fondamentale. Mais, le label de Comptabilité Nationale lui donne le certificat d'authenticité qui lui ferait autrement défaut.

A condition de ne pas être trop regardant sur les résultats obtenus et publiés, cette situation ambiguë présente de solides avantages pour l'Etat, autorité de tutelle. Il y a quelques années (1988), un homme du sérail, spécialiste de la construction des comptes nationaux, écrivait un peu imprudemment en évoquant l'indépendance du comptable national, que les instances politiques interfèrent dans les comptes avant leur publication:

- "quand l'inflation ou le taux de croissance calculés, diffèrent de ceux annoncés ou souhaités par le gouvernement,"
- " ou encore en cas de prise en compte de tout autre phénomène significatif au plan macro-économique, et donc difficile à ignorer, quand cette prise en compte peut provoquer l'irritation d'une instance de pouvoir dans le pays."

On ne saurait être plus clair ! Dans une édition plus récente, revue et développée, l'auteur n'a pas osé réitérer ses premiers propos. Mais, cela ne veut pas dire que les pratiques ont disparu. Les hommes politiques n'ont pas d'états d'âme, seulement des états de service à faire valoir au service de l'Etat. D'ailleurs elles n'ont pas disparu, puisque plus récemment (mars 2006) la presse se faisait l'écho de récriminations de la part des fonctionnaires de l'Insee pour que cesse l'intervention des pouvoirs publics dans leur domaine de responsabilités.

Pour faire en toute orthodoxie de la comptabilité nationale, l'approche et les méthodes de travail devraient être définis par des experts-comptables. La mesure du Produit National (non le PIB, qui en est l'expression faussée) en valeur, c'est-à-dire aux prix effectifs des transactions (ou prix du marché), devrait relever exclusivement d'une méthode de consolidation des comptes des agents économiques, inspirée des techniques de consolidation utilisée par les multinationales et autres grands groupes qui consiste pour eux à faire la somme de tous les comptes des sociétés du même groupe dans le but d'en connaître les résultats et le bilan.

Les comptes de l'Etat y trouveraient ainsi leur place naturelle sans erreur grossière possible. En ce qui la concerne, la mesure du Produit National en volume ou à prix constants relève tout à fait des méthodes statistiques actuellement utilisées. Toutes deux sont complémentaires et indissociables, mais chacune d'elles devrait occuper la place qui lui revient dans l'ordre logique : base comptable et développement statistique, non l'inverse. On éliminerait ainsi la plus abondante source d'erreurs.

Si l'on ignore, aujourd'hui encore, les relations financières et comptables exactes qui relient les deux sphères d'activité (production et finance), c'est bien parce que l'on fait de la statistique avant de faire de la comptabilité. Les opérations de la sphère réelle peuvent être obtenues par la consolidation des comptes de résultat de toutes les entreprises, l'Etat y compris, et celles de la sphère financière et monétaire peuvent l'être tout autant par la consolidation de leurs comptes de bilan.

C'est évidemment plus facile à dire qu'à faire, mais après avoir procédé à une nécessaire adaptation des comptes on y gagnerait en précision et les liens financiers et comptables existant entre les deux sphères apparaîtraient clairement puisqu'ils résultent des comptes.

On pourrait enfin vérifier, même si la théorie dit le contraire, qu'il n'existe pas d'activité nationale sans financement, ce qui est capital dans la gestion économique d'un pays, et par le fait même on disposerait d'un bilan consolidé national, véritable tableau de bord de l'économie d'un pays, dont l'absence laisse actuellement la porte ouverte à tous les abus en matière monétaire et financière.

En conclusion, on peut dire qu'une méthodologie inadaptée et contestable, conduisant à des erreurs inacceptables, et des arbitrages rendus par ceux-là mêmes qui sont chargés de la mesure, aux ordres du pouvoir politique, posent le problème de la fiabilité des informations publiées.

On peut citer l'exemple du Président de la Fed (l'équivalent américain de notre Banque de France) qui contestait, au début des années 90, la validité des chiffres publiés de l'inflation aux Etats-Unis prétendant que l'indice des prix à la consommation était surestimé de 1,5%. Cet exemple montre à quel point les informations statistiques peuvent être mises en doute dans les plus hautes sphères d'un pays, par des gens qui savent très bien à quoi s'en tenir sur leur fiabilité.

Mais, n'y a-t-il pas volonté politique de baigner dans la confusion ? C'est tellement plus facile d'exercer le pouvoir sans avoir de comptes à rendre, en l’absence de mesures précises !

 

2 – La mesure de la croissance

Il est important d'en donner la définition et de bien connaître ce qu'est exactement la croissance économique, puisque c'est d'elle que dépendent le niveau de vie de tout un chacun et le plein emploi, c'est-à-dire en somme le bien-être de la population d'un pays.

La croissance n'est rien d'autre qu'une différence mathématique existant entre les productions de deux périodes qui se suivent : d'un mois, d'un trimestre ou d'une année à l'autre, ayant pour unité de compte : la monnaie. Comme les comptes nationaux sont arrêtés chaque année, la croissance est mesurée en définitive par rapport à l'année précédente. Il s'agit donc de la différence entre les mesures de deux périodes successives.

Bien qu'elle désigne en principe un accroissement de la production, l'usage veut qu'en cas de ralentissement ou de recul de celle-ci on emploie le même terme. On parle alors de croissance négative, terme utilisé pour faire passer la pilule !

La production d'une période est égale à la somme des quantités produites aux prix du marché ou prix de transaction. Il s'agit, pour simplifier, des échanges de biens et de services pratiqués au sein de la sphère réelle, des entreprises d'un côté vers les ménages et  l'étranger de l'autre. Si l'on calcule les quantités produites au cours de cette période aux prix de la période précédente, on obtient une production à prix constants qui devient comparable à celle de la période antérieure permettant ainsi par différence de connaître la croissance positive ou négative réalisée.

S'il n'existait qu'un seul produit, on aurait par exemple:

1ère période :                     1000 produits à 25 € donnent                    25.000 €
2ème période :                   1050 produits à 26 € donnent                    27.300 €

aussi, en calculant la production de la 2ème période au prix de la première, on aurait en euros constants :

2ème période :                   1050 produits à 25 € donnent                    26.250 €

soit une croissance égale à 5% (26.250 rapportés à 25.000),

et un taux d'inflation de 4% (27.300 rapportés à 26.250).

Si le calcul peut être effectué ici à partir des quantités et des prix, c'est parce qu'il n'y a qu'un seul produit.

Mais, la multiplication des quantités et des prix n'altère en rien ce mode de calcul qui est fondamental. Dans la pratique, ainsi qu'il a été dit au chapitre précédent, l'absence d'informations relatives aux quantités d'un très grand nombre de produits oblige les instituts de statistiques à rechercher d'abord le taux d'inflation par échantillons-types, ce qui leur permet de "déflater" les prix de la période afin d'obtenir ensuite par différence le taux de croissance.

En supposant que l'on ne connaisse pas les quantités produites dans l'exemple ci-dessus, mais sachant que l'inflation est de 4% (le prix des produits étant passé de 25 à 26 €), la production au prix "déflaté" est donc de 26.250 € (27.300/1,04) ce qui donne bien le taux de croissance de 5%.
On peut noter au passage que la méthode de calcul favorise les tripotages statistiques. C'est qu'en effet, la différence entre le PIB en monnaie courante et le PIB en monnaie constante comprend deux écarts : l'écart de prix (inflation) et l'écart de volume (croissance).

En forçant l'écart de croissance on réduit l'écart d'inflation, ce qui réunit les conditions les plus favorables recherchées par n'importe quel gouvernement, quand il cherche à masquer une situation économique dégradée.

A la vérité, il convient de dire que nos gouvernants sont jugés (à tort) sur des résultats : la croissance. Alors qu’ils n’y sont pour rien puisqu’elle dépend de la conjoncture que personne à l’heure actuelle ne maîtrise ! Ils se croient pourtant obligés de décider à qui en distribuer les fruits, ce qui est assez cocasse puisque la distribution est déjà faite, celle-ci étant instantanée ; ce qu’ils ignorent ou feignent d’ignorer. A une exception près toutefois : les excédents fiscaux, appelés la cagnotte, quand il y en a, c'est-à-dire rarement. La mesure ne fait que constater une situation passée. Et, en voulant distribuer les fruits de la croissance, ils anticipent en réalité une croissance future qui n’est pas encore réalisée. C’est ça la politique !

Ce serait un pari sur l’avenir tout à fait légitime si l’on pouvait « décréter » la croissance ; ce qui est possible à condition de réguler la quantité de monnaie entrant dans la sphère réelle, ainsi que cela a été démontré par la loi macroéconomique.

La croissance est donc la différence existant entre la somme d'une série de quantités recensées au cours d'une période et la somme d'une autre série de quantités recensées au cours de la période précédente, les quantités de l'une et l'autre période étant calculées à des prix communs ou constants.

Si l'on prend PN1 la production de la période de référence et PN2 la production de la période suivante, on peut écrire l'expression :

PN2 – PN1 = Cr + I

dans laquelle Cr est la croissance et I l'inflation des prix.

Sachant que la production de chaque période correspond à une masse monétaire déterminée par les échanges, on peut ajouter que :

La croissance correspond en définitive globalement à une variation monétaire de deux activités successives corrigée de l'inflation.

On peut dire qu'en règle générale la monnaie nourrit à la fois la croissance et l'inflation des prix ; la croissance parce que celle-ci ne peut s'en passer, et l'inflation des prix parce qu'il existe des agents qui ont compris depuis longtemps qu'il fallait augmenter les prix pour s’en accaparer les fruits.

Il semble bien que les leçons du passé ne servent à rien, puisque la croissance s'est toujours accompagnée d'une inflation plus ou moins élevée. Ceux qui prétendent qu'en la laissant filer un peu, on peut faire repartir l'économie, ne s'y sont pas trompés.

Le retour de la croissance s'explique toujours par le retour de l'abondance monétaire au sein de la sphère réelle.

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3 – La mesure du pouvoir d'achat

Qu’est-ce que le pouvoir d’achat ?

Tout un chacun sait d’instinct ce qu’est le pouvoir d’achat sans avoir à le mesurer de manière précise puisque pour un revenu déterminé (le sien), il peut acheter plus ou moins de biens et de services à un moment donné. Et, il aura vite fait de se rendre compte si son revenu, au fil des mois, est toujours suffisant pour lui permettre d’acheter tout autant de biens et de services qu’auparavant dans un environnement où les prix ont une tendance générale à la hausse.

Le pouvoir d'achat est donc la capacité d'achat de biens et service pour un revenu déterminé. Mais, c’est aussi une quantité donnée de monnaie, tirée d’un revenu, donnant la capacité d’acheter une quantité donnée de biens et de services, que l’on a souvent réduit au « panier de la ménagère » afin d’en vérifier le pouvoir d’achat.

Si l’on sait à peu près ce qu’est le pouvoir d’achat pour un individu, on rencontre les vraies difficultés quand on cherche à le comparer aux autres et en donner une définition précise pour l’ensemble d’une population. Il semble que les difficultés naissent des problèmes politiques liés à un sujet aussi sensible que celui-là.

La science et la politique n’ont jamais fait bon ménage !

On sait toutefois mesurer l’évolution du pouvoir d’achat, grâce à des techniques éprouvées, bien que restrictives, utilisées par les Instituts de Statistiques. Mais, la complexité des éléments à mesurer favorise la confusion et se prête aux interventions des gouvernants dans le domaine de la responsabilité des statisticiens. Il est clair que tout ceci pèse sur la fiabilité des résultats obtenus. Aussi, assiste-t-on régulièrement à des critiques très médiatisées sur les méthodes de calcul retenues par les pouvoirs publics. On voit même de nombreuses organisations pour la plupart syndicales donner leurs propres résultats obtenus à partir de méthodes supposées plus exactes.

Et chacun de rester sur sa soif de vérité ! Les gouvernants ne voulant pas avouer leur incapacité à gérer l’économie du pays et les ménages sentant confusément qu’on cherche à les tromper, mais ne doutant pas (si c’est le cas) que leur pouvoir d’achat s’est bel et bien détérioré.

Ouvrons ici une parenthèse et citons quelques exemples de restrictions faites délibérément dans la mesure de l’évolution du pouvoir d’achat, dans le but inavoué d’en améliorer les résultats.

Ainsi, la part relative du loyer dans les dépenses des ménages français est évaluée actuellement (février 2007) à 6,1% de leur budget, sous le prétexte fallacieux que 56% des ménages sont propriétaires de leur logement. On s’est bien gardé d’introduire dans les calculs, le coût du logement des propriétaires (amortissement et intérêts des emprunts). Combien sont-ils de jeunes ménages à payer chaque mois pendant 20, 30 ans et plus l’équivalent d’un loyer ?

Mais, il aurait alors fallu constater la détérioration du pouvoir d’achat au fur et à mesure de la hausse du marché de l’immobilier et des taux d’intérêt !

Il en est de même des impôts directs et des charges sociales des ménages qui ont été purement et simplement évacués de la mesure !

Comme il en est pour la plupart des pays en application de normes internationales. Il est pourtant évident que la hausse des impôts locaux, par exemple, et des charges sociales que les Français ont supportée au cours de ces dernières décennies, n’a pas pu être sans incidence sur le pouvoir d’achat de chacun d’entre nous.

Voici ce qu’écrivait l’Insee à ce sujet en février 2007 :

Dans l'indice des prix à la consommation en France, le coût du logement pèse au total 13,5 %. Cela inclut les loyers - des résidences principales et de vacances - (6,1 %), l'énergie domestique (4,3 %) et les autres « charges » (eau, concierge, travaux et maintenance...), pour leur poids dans la consommation d'ensemble des ménages. Celui des loyers peut de prime abord paraître faible, dans la mesure où l'on observe par ailleurs que les loyers représentent environ 20 % du revenu des ménages locataires. Mais les dépenses de loyers des 40 % de ménages locataires sont rapportées à l'ensemble des ménages et non aux seuls locataires, en conséquence, le poids dans l'indice est de 6 %.

Les opérations financières ne relevant pas de la consommation proprement dite sont exclues de son champ : c'est le cas de l'achat de logement, qui est considéré comme de l'investissement, des opérations d'épargne, des impôts directs, des cotisations sociales.

Il convient cependant de préciser, par exemple, que l’évolution des prix des produits pharmaceutiques est mesurée tandis que les taux de cotisations sociales connaissent une croissance explosive !

Toutes les conditions sont donc réunies pour obtenir, d’une mesure de toute évidence partielle, une mesure partiale.

Mais, si l’on sait mesurer l’évolution du pouvoir d’achat, avec les défauts signalés et bien d’autres, on semble en ignorer la source. Et ne connaissant pas l’origine du pouvoir d’achat, il paraît difficile d’exercer une quelconque influence pour l’améliorer.

On ne peut pas se contenter, ainsi que certains le supposent, de croire que l’on peut améliorer le pouvoir d’achat de la population en abaissant les impôts ou en relevant (en France) le Salaire Minimum de Croissance (SMIC). Ce ne sont le plus souvent que des faux-semblants qui n’ont d’autre effet que celui de déplacer le problème.

En abaissant les impôts, l’amélioration du pouvoir d’achat ne peut provenir que du déséquilibre des finances publiques, c’est-à-dire de l’aggravation de la dette, car il est permis de supposer que la demande d’amélioration du pouvoir d’achat se manifeste surtout en période de ralentissement de l’activité, c’est-à-dire en même temps que baissent les rentrées d’impôt pour l’Etat.

En relevant le SMIC, les entreprises chercheront à compenser d’une manière ou d’une autre les répercussions inévitables sur leurs marges et en l’absence de croissance c’est tout simplement une affaire de dupes. N’oublions pas que dans SMIC, il y a Croissance.

Mais, revenons à la mesure du pouvoir d’achat.

Il convient tout d’abord de mesurer, avec la plus grande précision possible, le pouvoir d’achat de la population tout entière dégagé par l’économie au cours d’une période donnée. On retiendra l’année civile puisque les principales mesures sont faites chaque année par comparaison avec l’année ou les années antérieures. Cette opération est en théorie relativement facile, mais d’application difficile si l’on ne veut pas sacrifier la précision.

Il convient ensuite de mesurer, comment ce pouvoir d’achat est réparti entre les agents économiques, ce qui est évidemment plus difficile car il n’existe, semble-t-il, aucune étude pratique sur le sujet. L'ignorance délibérée n'en finit pas de surprendre !

Mais commençons donc par la définition macroéconomique du pouvoir d’achat, c’est-à-dire du pouvoir d’achat de l’ensemble de la population.

                a) le pouvoir d’achat de l’ensemble des agents économiques

Le pouvoir d’achat prend sa source dans l’activité de production nationale, celle-ci étant mesurée par les Instituts de Statistiques sous le nom de Produit Intérieur Brut (PIB), que nous appelons Produit National si l’on veut en éliminer les erreurs qui l’affectent, comme on l'a vu au chapitre 1 réservé à la mesure  du Produit National.

Si le pouvoir d’achat prend sa source dans le produit national (ou PIB), c’est parce qu’il naît de l’activité de production et comme il n’existe pas de produit national qui ne revienne soit aux ménages (salaires, allocations diverses, retraites, revenus professionnels, revenus financiers, etc.), soit aux entreprises (cash flow) sous la forme de revenus, on retrouve notre égalité :

Produit National (PN) = Revenu des Ménages + Revenu des Entreprises = Revenu National (RN)

Le Produit National (ou PIB) est donc aussi et surtout le Revenu National, soit PN = RN.

On entrevoit déjà sa répartition. Mais, ne brûlons pas les étapes.

On a vu également que l'on obtient par différence de deux activités successives PN1 et PN2, en produit national (ou PIB) la croissance et l'inflation, soit :

PN2 – PN1 = Cr + I

Mais, comme l'on sait que le produit national est égal au revenu national, on aura nécessairement par différence de deux activités successives, en revenu national la croissance qui est aussi un écart de pouvoir d'achat Pa et l'inflation, soit :

RN2 – RN1 = Pa + I

La croissance est à la production ce que le pouvoir d'achat est au revenu

La croissance de l’activité nationale permet donc de dire si le pouvoir d’achat s’améliore ou se détériore pour tous. Il s’améliore ou se détériore selon que l’activité croît ou décroît, les conflits et les tensions s’apaisant ou au contraire s’envenimant. Et aussi, c’est l’enseignement de la loi macroéconomique, selon que la quantité de monnaie entrant dans la sphère réelle tend à augmenter ou à diminuer.

En matière d’activité nationale tout est affaire de monnaie à se partager, d’où l’ampleur et l’intensité des conflits. Ceux-ci ne peuvent s’apaiser qu’en injectant dans la sphère de l’activité de production une quantité de monnaie toujours suffisante ; ce qui est d’autant plus facile quand les moyens en hommes et en matières sont abondants.

Essayons maintenant de voir comment a évolué en France la croissance, c’est-à-dire le pouvoir d’achat des français au cours des dernières années et décennies, avec les incertitudes énoncées. Comme il s’agit de la population entière, la croissance a profité aux ménages et aux entreprises sans que l’on en connaisse le partage puisque cette mesure n’est pas faite.

Cela étant, on retiendra les chiffres publiés par l’Insee (voir le tableau joint en annexe II), comme suit :

  • le PIB en monnaie courante (en franc d’abord, en euro ensuite),
  • la population en nombre,
  • le coefficient de transformation de la monnaie (pour chacune des années examinées) en valeur 1997, puis en valeur 2008,

chiffres puisés dans les séries 1969 à 1997 (publiées en1998) et dans les séries 1995 à 2008 (publiées en 2010).

A propos du coefficient de transformation, l’Insee apporte les précisions suivantes :

Chaque année, le déflateur retenu par les experts est la moyenne annuelle de l'indice général des prix publié qui s'appuie sur la population la plus large. On a repris l'indice d'ensemble des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé jusqu'en 1992 et celui de l'ensemble des ménages - France métropolitaine à partir de 1993, début de sa publication. A partir de janvier 1999, c'est l'indice d'ensemble des ménages - France entière (métropole + DOM) qui est utilisé.

L'indicateur du pouvoir d'achat de l'euro et du franc garde sa pertinence lorsqu'il s'agit de tenir compte de l'érosion monétaire liée à la consommation des ménages mais il n'est pas adéquat pour mesurer l'érosion monétaire des patrimoines constitués de biens immobiliers et d'actifs financiers n'entrant pas dans la composition de l'indice général des prix.

Il convient de rappeler et de préciser en outre que :

1) le PIB comprend principalement la consommation et l’investissement (logement neuf) des ménages et l’investissement (outil de production) des entreprises qui subissent des hausses de prix, objet d’étalons distincts : prix à la consommation, prix à la construction, prix à la production industrielle, etc. ; mais, le revenu national qui en est la contrepartie revient pour l’essentiel aux ménages, bien que la part des entreprises tende à s’accroître, parfois au détriment des premiers, mondialisation oblige,

2) il comprend en outre et dans une très faible mesure, le solde ou balance commerciale des échanges extérieurs, on l'a déjà dit,

3) entre les deux séries, la rupture est due à l’introduction de l’euro dans les comptes de la nation ; on peut observer néanmoins des différences sensibles dans les statistiques de la population française des années 1995 à 1997 qui se chevauchent d’une série à l’autre (pour 1995, on a découvert d’un coup 1,4 million de nouveaux français ! il s’agit sans doute des immigrés qui avaient été écartés des statistiques à l’époque de l’interdit politique où il ne fallait surtout pas en parler),

4) entre les deux séries on peut relever des différences de PIB de 1995 à 1997 en convertissant les euros en francs ou inversement ; ce qui ne devrait pas être le cas pour l’année 1995 qui en théorie devait être définitive comparée à 1996 semi-définitive et à 1997 provisoire ; cela s’explique peut-être par un changement de méthode comptable.

Le tableau joint précité montre :

    - une dégradation de la croissance, donc du pouvoir d’achat par habitant, dans la décennie 80 par rapport à la décennie 70 (en moyenne annuelle 1,67% contre 3,79%),

    - un redressement dans les 3 dernières années de la décennie 90, redressement difficile à estimer en raison des modifications apportées à la mesure lors du passage à l’euro,

    - une dégradation certaine depuis l’entrée dans ce siècle, sauf en 2000, malgré quoi la moyenne annuelle des 9 premières années atteint péniblement 1,50% l’an, et si l’on estime à 1% l’an, l’incidence combinée des insuffisances de la mesure et des pressions exercées par les pouvoirs publics dans le calcul de l’inflation, il ne reste plus grand chose de la croissance et du pouvoir d’achat effectifs des français depuis le début du siècle.

Le tableau ne fait pas apparaître la contribution des échanges extérieurs à la croissance ; contribution négative depuis 2003 en raison d’une réduction du solde de ces échanges en 2003 et 2004, mais aussi et surtout d’un solde négatif enregistré depuis 2005 (jusqu'à 2,8% de PIB en 2011) ce que l’on n’avait pas vu depuis 1991.

Ainsi, depuis 2005 c’est entre 0,9% et 2,8% du pouvoir d’achat de tous les Français qui a filé à l’étranger. Si les échanges extérieurs avaient été équilibrés, la croissance de ces années-là déjà faible d’apparence aurait été nettement supérieure.

                b) le pouvoir d’achat par catégories de revenus

Le défaut central, pour ne pas parler de tare, de la Comptabilité Nationale réside dans le traitement comptable de chiffres obtenus à partir d’enquêtes statistiques, alors qu’elle devrait procéder par consolidation comptable des comptes et des bilans de toutes les entreprises du pays, afin d’obtenir d’une part l’activité nationale et d’autre part son financement. On l'a déjà dit, mais il est peut-être utile de le rappeler.

Si l’on veut apporter tous apaisements sur la vérité de la mesure et si l’on veut agir sur le pouvoir d’achat de la population, en toute connaissance de cause, la première condition passe par la remise en ordre des comptes nationaux.

Chaque information communiquée doit pouvoir toujours être rapportée à l’ensemble :

    - le produit national doit se vérifier au moyen des comptes de bilan, monétaires et financiers notamment, (ressources et emplois) qui l’ont financé ; ce qui est fait actuellement relève du plus grand désordre,

    - l’analyse du produit national par branche ou sous-branche d’activité est le seul moyen fiable de mesurer (avec un minimum d’erreurs) les variations de prix et de volume, donc la croissance et l’évolution du pouvoir d’achat,

    - la répartition du revenu national qui est l’exacte contrepartie du produit national, doit être issue de la séparation comptable du revenu des ménages et du revenu des entreprises, l’un et l’autre pouvant alors être analysés par branche ou sous-branche, sans erreur grossière possible,

    - l’analyse du revenu des ménages de chaque branche, par sommation des valeurs ajoutées, doit permettre, par comparaison d’une année à l’autre, de vérifier dans quelles conditions leur pouvoir d’achat a évolué et surtout de savoir quelles sont les branches qui ont gagné et celles qui ont perdu au partage ; car il ne suffit pas de dire que le pouvoir d’achat a augmenté ou baissé, encore faut-il préciser quels sont ceux qui en ont profité et ceux qui en ont pâti,

    - les analyses devenant de plus en plus fines, précises et solides au fur et à mesure que l’on descend dans le détail, il devient alors possible de savoir quels sont les effets des variations de prix et de volume de la production nationale sur les revenus dans chaque branche (ou sous-branche) et d’une branche à l’autre,

    - l’analyse du revenu des entreprises de chaque branche, par sommation des valeurs ajoutées, doit permettre de vérifier (ce que l’on sait déjà pour les grands groupes) l’évolution des profits des entreprises rapportés à l’ensemble et de vérifier complètement et sûrement quelle est la véritable rétribution du capital et ses éventuels débordements,

Car il est tout de même essentiel de savoir ce qu’il se passe dans l’économie du pays si l’on veut gouverner ! Mais, cherche-t-on véritablement à le savoir ?

Dans une approche théorique, on a comparé les variations des prix et des quantités de la production nationale avec celles des prix et des quantités du revenu national.

Il semble bien que l’on puisse :

    - tout ramener en définitive à une somme totale d’heures travaillées pour une production donnée et donc pour un revenu déterminé,

    - rapporter ces heures travaillées non seulement au revenu des ménages mais aussi au revenu national,

    - procéder alors aux analyses par branche et sous-branche en nombre d’heures de travail (quantité) et en revenu de l’heure (prix).

Ainsi :

1 - les variations du prix des produits peuvent se traduire par des variations tant du revenu de l’heure (effet direct) que du nombre d’heures (effets de mécanisation, de rendement ou encore de l’importation),

2 - de même, les variations des quantités produites peuvent se traduire par des variations tant du revenu de l’heure (effet de seuil de rentabilité, par exemple) que du nombre d’heures.

Et si l’on veut connaître la véritable incidence de la croissance sur les revenus, il convient de neutraliser dans les variations des revenus (revenu de l’heure) la part des variations de prix à la production. Prenons par exemple des hausses du revenu de l’heure, effet direct d’une hausse du prix des produits, constatées dans une branche ; si elles sont accompagnées de hausses du revenu de l’heure (même effet direct d’une hausse du prix des produits) dans d’autres branches, l’amélioration apparente du pouvoir d’achat des uns est annulée, en partie ou en totalité, par celle des autres.

La gestion économique du pays nécessite donc un ensemble de mesures "dirigistes" visant à organiser l’activité nationale qui est avant tout une activité humaine. Pour cela, et en se fixant comme objectif prioritaire la réduction du chômage et de la misère humaine, il convient notamment :

a) d’organiser la régulation monétaire qui est le seul moyen d'alimenter en monnaie la sphère réelle, car plus l’activité de production est alimentée en monnaie, plus elle nourrit la croissance, même si dans le même temps elle alimente la hausse des prix ; c’est la première condition de l’amélioration du pouvoir d’achat, puisque croissance égale pouvoir d'achat.

b) que l’Etat reprenne le contrôle de sa banque centrale afin d'exercer pleinement ses pouvoirs dans la conduite de l'économie nationale et de pratiquer la régulation monétaire, premier instrument de la gestion économique d’un pays,

c) et, dans le même temps en application du principe de la séparation des fonctions, de lui retirer son autorité sur l'Institut chargé des comptes de la Nation,

d) de donner à l’Etat par un vote de l’Assemblée Nationale, par exemple, les moyens financiers indispensables pour exercer sa mission, selon un plan dûment motivé et chiffré,

e) de bien noter que la première action à entreprendre est la mise en place d’un outil de mesure des flux monétaires bancaires, dans le but de connaître en temps réel les flux entrants et sortants de la sphère réelle et de déterminer l’incidence de l’épargne morte sur la marche de l’économie,

f) de veiller à la maîtrise des prix des biens et des services, ce qui ne veut pas dire qu’il faille fixer les prix par voie autoritaire ; il existe mille et une façon d’y parvenir : par exemple, en dopant la concurrence de manière ciblée ou bien en favorisant l’importation de produits concurrents dans le cadre d’échanges commerciaux négociés (le libre-échange cédant la place aux échanges concertés entre pays), etc.,

g) d’accorder une certaine élasticité aux prix puisqu’ils sont relatifs et que ce sont eux qui font les revenus ; en définitive certaines hausses de prix représentent, semble-t-il, un des plus sûrs moyens de lutte contre les disparités de revenus, bref d’introduire la régulation des revenus par les prix,

h) d’autoriser une plus grande liberté dans les horaires de travail, afin d’absorber l’offre d’emploi qui ne peut manquer d’apparaître avec la régulation monétaire, et en attendant de revenir à l’équilibre du marché du travail, condition sine qua non du retour à l’abondance pour tous,

i) de freiner ou en tout cas de ne pas encourager la mécanisation des opérations de production, chaque fois que l’emploi est menacé, et donc,

j) de renoncer à soutenir la concurrence sauvage que dope le libre-échange, avec comme conséquence inéluctable la recherche par tous les moyens d’économies dans les coûts de production (réduction des salaires, mécanisation, etc.), c’est à dire en fin de course des réductions de pouvoir d’achat,

k) et bien d’autres mesures plus traditionnelles,

On pourra alors bâtir un véritable tableau de bord de l’économie nationale, seul outil indispensable à la bonne gouvernance de l’économie, encore faut-il le vouloir !

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4 – Régulation du revenu ou pouvoir d'achat par les prix (essai)

Sous ce terme ronflant de "gouvernance économique" se cache le vide absolu, si l’on excepte le matraquage fiscal.

Commander, c’est prévoir.

Nos dirigeants ne dirigent rien d’autre que leur carrière politique. Prévoir, ici, c’est anticiper les coups tordus auxquels ils devront parer en provenance de leurs ennemis sans oublier leurs amis.

A l'heure actuelle, il est impossible de diriger l'économie d'un pays dans le désordre ambiant qui confine à l'anarchie.

Si nos dirigeants veulent vraiment s'employer à gouverner le pays, ils doivent absolument :

    - en premier lieu, passer des accords bi ou multilatéraux avec nos partenaires étrangers, afin que l’équilibre des échanges commerciaux entre pays soit impérativement obtenu, sans lequel il est impossible de faire de la régulation économique,

    - en second lieu, interdire strictement la spéculation sur les matières premières et les marchandises ; c'est à l'Etat que revient la régulation des cours, comme le font les spéculateurs, non plus pour en tirer un bénéfice mais pour garantir la stabilité des prix à l'achat et par voie de conséquence à la consommation ; il a ainsi la faculté d'absorber de brusques et fortes variations en les répercutant ou non et à terme sur les prix.

Ils doivent en outre réguler nos importations afin de protéger en toute priorité nos activités agricoles et industrielles que l'on n'aurait jamais dû délocaliser ou laisser asphyxier par une concurrence sauvage venant de pays à l'autre bout du monde, et redonner des revenus décents à ceux qui les exercent. Des importations ponctuelles peuvent être décidées afin de freiner des hausses de prix injustifiées qui seraient pratiquées à l'intérieur du territoire.

Tout est régulation, y compris l'instauration d'une politique de blocage partiel ou total des prix, étant rappelé par ailleurs que la régulation monétaire a pour but d'irriguer amplement en monnaie la sphère réelle de l'activité de production nationale.

Ainsi qu'on l'a vu dans ce chapitre, le PIB – ou plus exactement le Produit National – est égal au Revenu National, lui-même égal au Pouvoir d'Achat National (PAN).

Comme les prix font le Produit National, les prix font les revenus, et en agissant sur les prix, on doit pouvoir agir sur les revenus, tout en conservant la maîtrise des hausses de prix.

Des outils performants doivent être mis en place pour mesurer, par secteur d'activité, la répartition des revenus qui font le pouvoir d'achat de manière à combiner les hausses et le maintien des prix pour obtenir en définitive une meilleure répartition des revenus, donc du pouvoir d'achat par secteur.

Bloquer les prix dans un ou plusieurs secteurs d'activité et dans le même temps encourager des hausses de prix dans un ou plusieurs autres secteurs, doivent permettre de corriger globalement les distorsions de revenus.

C'est un premier essai de régulation du revenu ou pouvoir d'achat par les prix.

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5 – Résumé et conclusions

Bien qu'elles obéissent à des normes internationales, les méthodes de calcul du Produit Intérieur Brut (PIB) et du pouvoir d'achat (qui en est la résultante) comportent de nombreuses erreurs qui affectent la mesure de la richesse et du revenu national. En raison de la complexité et de l'aspect politique des sujets traités, les méthodes sont volontairement ou non, insuffisantes, faussées, détournées et manipulées par les pouvoirs en place.

Le calcul est faussé en premier lieu par la place indépendante donnée à l'Etat dans les comptes, y faisant apparaître une consommation finale réservée par essence aux ménages. Les comptes une fois retraités, on s'aperçoit que l'erreur a eu pour effet d'augmenter artificiellement le PIB en 2011 de 15,6%, calcul en dedans (cf. Annexe I).

Il est faussé ensuite par l'application d'une règle arithmétique qui se prête aux tripotages statistiques. En effet, la détermination de la croissance, qui est aussi le pouvoir d'achat, nécessite de comparer deux périodes successives afin d'isoler les parts respectives de l'inflation des prix et de la croissance, dans l'écart d'activité : plus faible sera la part réservée au taux d'inflation, plus fort sera le taux de croissance et de pouvoir d'achat. On peut arriver ainsi à cacher les effets de l’inflation des prix tandis que mathématiquement on met en valeur la croissance due aux volumes et l'amélioration du pouvoir d'achat.

Cela dit, sur ce sujet hautement sensible, on comprend enfin pourquoi il est faussé par l'intervention des instances politiques dans le domaine de responsabilité des statisticiens.

Enfin, l'Insee calcule le pouvoir d'achat des français selon des méthodes non intégrées à l'ensemble, ce qui favorise les dérives et l'information tronquée. Ainsi par exemple, la méthode de calcul de la mesure du pouvoir d’achat des ménages est altérée volontairement (et internationalement reconnue) par des restrictions apportées à ses bases : des éléments qui ont une incidence certaine sur le pouvoir d’achat en ont ainsi été écartés, soit notamment : les taxes et impôts directs payés par les ménages ainsi que leurs cotisations sociales, le coût du logement et des intérêts d’emprunt des propriétaires occupants, etc. Ce qui n'est pas négligeable comme chacun d'entre nous peut tout à loisir le vérifier.

Au sein de l'Institut National des Statistiques et des Enquêtes Economiques (Insee), ce sont des théoriciens qui ont conçu et organisé en économistes et en statisticiens l'approche et les méthodes de travail conduisant à la détermination du PIB, alors que la démarche relève tout simplement de la comptabilité, puisqu'il s'agit de faire la somme d'une multitude de comptes, selon des règles spécifiques bien entendu.

Les responsables n'ont pas manqué de le comprendre puisque l'Institut se fait improprement appeler Comptabilité Nationale, alors que les comptables nationaux n'ont guère d'autre fonction que celle d'ordonner et d'ajuster des comptes afin de "caser" les évaluations statistiques dans un cadre comptable. Il y a là une incompatibilité fondamentale.

En conclusion, on peut dire que l'on est en présence d'une méthodologie inadaptée et contestable conduisant à des erreurs inacceptables, et à des arbitrages rendus par ceux-là mêmes qui sont chargés de la mesure, aux ordres du pouvoir politique. Ce qui  pose le problème de la fiabilité des informations publiées.

Il est donc urgent et important de mettre un terme à l’ingérence des pouvoirs publics dans le domaine de la statistique en retirant à l’Etat son autorité sur l’Institut chargé des comptes de la Nation. Il est aussi urgent et indispensable de réformer les méthodes d’élaboration des comptes de la Nation afin de déterminer le Produit National et les modalités de son financement.

Alors et alors seulement, on saura véritablement quelle est la vraie croissance de la richesse nationale et quels sont les gains (ou les pertes) de pouvoir d’achat et ceux qui en sont les bénéficiaires et les perdants. C’est le strict minimum du besoin d’information du public.

Alors et alors seulement, on pourra s’exercer à la recherche des moyens utiles à la régulation du pouvoir d’achat par les prix.

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ANNEXE I

PASSAGE DU PRODUIT INTERIEUR BRUT (PIB) AU PRODUIT NATIONAL (PN)

ANNEE 2011

(en milliards d'euros)

RUBRIQUES

P.I.B.

ECARTS

PR.NAT.(PN)

 

1 - Consommation finale

 

1 640,6

 

 

avec, en diminution :

 

 

 

- la consommation finale (P4)

 

 

 

     des administrations publiques (S13)

 

-489,3

 

     des institutions sans but lucratif (S15)

 

-41,2

 

soit :

 

-530,5

 

 et, en augmentation :

 

 

 

- la FBCF (P51) des ménages (S14)

 

120,0

 

- les emplois des ménages au titre des

 

 

 

      revenus de la propriété (D4)

 

26,2

 

      impôts sur le revenu et le patrimoine (D5)

 

175,1

 

       transferts courants (D7)

 

49,1

 

      transferts en capital (D9)

 

4,7

 

soit :

 

375,1

 

ce qui nous donne la Consommation (C)

 

 

1 485,2

 

2 - F B C F  (y compris objets de valeur)

 

401,2

 

 

3 - Stocks (Variations)

10,2

 

 

sous déduction de la FBCF des ménages

 

-120,0

 

ce qui nous donne l'Investissement (I)

 

 

291,4

 

4 - Exportations

 

538,2

 

 

avec, en augmentation :

 

 

 

- les emplois du Reste du monde (S2)

 

 

 

       salaires bruts (R11)

 

8,2

 

       subventions  (D3)

 

9,0

 

       revenus de la propriété (D4)

 

155,8

 

       impôts sur le revenu et le patrimoine (D5)

 

4,3

 

       transferts courants (D7)               

 

10,3

 

       transferts en capital (D9)

 

0,8

 

soit :

 

188,4

 

   ce qui nous donne l'Exportation (EX)

 

 

726,6

 

5 - Importations

 

-594,3

 

 

avec, en augmentation :

 

 

 

- les ressources du Reste du monde (S2)

 

 

 

       salaires bruts et cotisations (D11 & D12)    

 

-0,7

 

       impôts sur la production. et les importations (D2)

 

-5,0

 

       revenus de la propriété (D4)

 

-132,3

 

       prestations sociales (D62)

 

-6,2

 

       transferts courants (D7)

 

-38,3

 

       transferts en capital (D9)

 

0,0

 

soit :

 

-182,5

 

   ce qui nous donne l'Importation (IM)

 

 

-776,8

 

 

 

 

 

TOTAUX

 

1 995,9

 

-269,5

 

1 726,4

(selon retraitement comptable des comptes nationaux)

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ANNEXE II

EVOLUTION DU PIB ET DU POUVOIR D’ACHAT FRANÇAIS DE 1969 A 1997 ET DE 1995 A 2005

SERIE INSEE 1997

 

PIB (*)

Population (**)

Evolution

PIB par habitant

Coefficient Transformat.

PIB par habitant

Gain de Pouvoir d'achat

ANNEES

en milliards de francs

en milliers

%

en francs courants

Insee 1997

en francs 1997

par an

moyenne décennie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1969

710,5

50 108

 

14 179

5,709

80 950

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1970

793,5

50 528

0,84

15 704

5,426

85 211

5,26

 

1971

884,2

51 016

0,97

17 332

5,134

88 982

4,43

 

1972

987,9

51 486

0,92

19 188

4,837

92 811

4,30

 

1973

1 129,8

51 916

0,84

21 762

4,429

96 384

3,85

 

1974

1 303,0

52 321

0,78

24 904

3,894

96 976

0,61

 

1975

1 467,9

52 600

0,53

27 907

3,484

97 227

0,26

 

1976

1 700,6

52 798

0,38

32 210

3,178

102 362

5,28

 

1977

1 917,8

53 019

0,42

36 172

2,906

105 116

2,69

 

1978

2 182,6

53 271

0,48

40 972

2,665

109 189

3,88

 

1979

2 481,1

53 481

0,39

46 392

2,406

111 620

2,23

3,79

1980

2 808,3

53 731

0,47

52 266

2,119

110 751

-0,78

 

1981

3 164,8

54 028

0,55

58 577

1,868

109 422

-1,20

 

1982

3 626,0

54 335

0,57

66 734

1,671

111 513

1,91

 

1983

4 006,5

54 650

0,58

73 312

1,524

111 727

0,19

 

1984

4 361,9

54 895

0,45

79 459

1,419

112 752

0,92

 

1985

4 700,1

55 157

0,48

85 213

1,341

114 271

1,35

 

1986

5 069,3

55 411

0,46

91 485

1,306

119 480

4,56

 

1987

5 336,7

55 682

0,49

95 842

1,266

121 337

1,55

 

1988

5 735,1

55 966

0,51

102 475

1,233

126 351

4,13

 

1989

6 159,7

56 270

0,54

109 467

1,190

130 266

3,10

1,67

1990

6 509,5

56 577

0,55

115 056

1,151

132 429

1,66

 

1991

6 776,2

56 893

0,56

119 105

1,116

132 921

0,37

 

1992

6 999,5

57 217

0,57

122 333

1,090

133 343

0,32

 

1993

7 077,1

57 530

0,55

123 016

1,068

131 381

-1,47

 

1994

7 389,7

57 779

0,43

127 895

1,050

134 290

2,21

 

1995

7 662,4

58 020

0,42

132 065

1,032

136 291

1,49

 

1996

7 871,7

58 256

0,41

135 123

1,012

136 745

0,33

 

1997

8 137,1

58 489

0,40

139 122

1,000

139 122

1,74

0,85

1998

 

 

 

 

 

 

 

 

1999

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SERIE INSEE 2005

 

PIB (*)

Population (**)

Evolution

PIB par habitant

Coefficient Transformat.

PIB par habitant

Gain de Pouvoir d'achat

ANNEES

en milliards d'euros

en milliers

%

en euros courants

Insee 2005

en euros 2005

par an

moyenne décennie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1995

1 194,81

59 419

 

20 108

1,168

23 486

 

 

1996

1 227,82

59 624

0,35

20 593

1,146

23 599

0,48

 

1997

1 268,47

59 831

0,35

21 201

1,132

24 000

1,70

 

1998

1 324,56

60 047

0,36

22 059

1,124

24 794

3,31

 

1999

1 366,47

60 348

0,50

22 643

1,118

25 315

2,10

1,95

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2000

1 441,37

60 751

0,67

23 726

1,100

26 099

3,10

 

2001

1 497,19

61 182

0,71

24 471

1,082

26 478

1,45

 

2002

1 548,56

61 616

0,71

25 132

1,061

26 665

0,71

 

2003

1 594,81

62 042

0,69

25 705

1,040

26 734

0,26

 

2004

1 659,02

62 445

0,65

26 568

1,018

27 046

1,17

 

2005

1 710,03

62 818

0,60

27 222

1,000

27 222

0,65

1,26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source Insee
(*) en monnaie courante
(**) moyenne entre 2 premiers janvier

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